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L’art français des sondages

Les sondages mesurent ils vraiment la réalité ?

jeudi 1er décembre 2011, par Jean Tillaume

Je reproduis ici quelques extraits d’un excellent article paru dans Médiapart, à propos des derniers sondages parus. Il faut être abonné pour avoir accès à l’intégralité de l’article (le prix reste raisonnable, 9€ par mois) :

"(sondage) réalisé par BVA et publié lundi dans 20 minutes (repris par l’AFP, Le Monde, etc.) qui nous « apprend » que « près de deux Français sur trois sont pour le retrait d’Eva Joly ».

La question la plus mise en avant est la suivante : « Vous, personnellement, préféreriez-vous...

– qu’Eva Joly maintienne jusqu’au bout sa candidature à l’élection présidentielle (35%)

– qu’Eva Joly retire sa candidature à l’élection présidentielle, et que les Verts présentent un autre candidat à sa place (25%)

– qu’Eva Joly retire sa candidature à l’élection présidentielle et que les Verts ne présentent aucun candidat à l’élection présidentielle » (36%)

Conclusion reprise unanimement : « Près de deux Français sur trois souhaitent qu’Eva Joly se retire de l’élection présidentielle. »"

Ceci appelle une première remarque, que l’article de Médiapart ne fait pas : 60% des électeurs préfèrent que les Verts présentent un candidat ! Ce qui est à peu près le contraire de ce que le sondage prétend démontrer...

Une seconde remarque, que l’article de Médiapart reprend à l’observatoire des sondages, est que 35% favorables au maintien d’Eva Joly, c’est plus que n’importe quelle intention de vote au premier tour pour n’importe quel candidat. Si la question avait été posée pour tous les candidats, on aurait donc très bien pu avoir un résultat identique pour n’importe lequel des compétiteurs, y compris François Hollande et Nicolas Sarkozy ! Mais la question n’est posée que pour Eva Joly.

Comme le fait fort justement remarquer l’article : "Dans les réponses proposées, deux sur trois suggèrent le retrait de la candidate écologiste. Comment imaginer que ce déséquilibre de départ ne se retrouve pas à l’arrivée ?"

Enfin une dernière remarque est faite, qui ne manque pas de piquant :

"L’échantillon, que l’institut traduit par « Les Français », comprend des personnes âgées de 15 ans. ". Que dire de plus ?

Et c’est pourtant sur la base des résultats de ces sondages que la plupart des candidats déterminent leur ligne, et que certains électeurs choisissent le vote qu’on leur désigne implicitement comme "utile".

Le pire est peut-être, c’est encore l’article de Médiapart qui le souligne, que cette pratique est punie par la loi mais qu’aucun candidat ne porte plainte...


Voir en ligne : L’article sur Mediapart