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Du "religionisme", avatar du post-modernisme
mardi 1er décembre 2015, par
Voilà un article d’une rare intelligence et qui dépasse de très loin toutes les approches à prétention sociologique qu’on a pu lire ou entendre ces dernières décennies [1]. L’auteur se libère totalement du paradigme actuel, sorte de sociologie compréhensive qui se refuse à remettre en cause le lien, proclamé par ses adeptes, entre religion et pratiques de certain de ceux qui se réclament de cette religion. Norbert Trenkle fait de la science et sort du paradigme pour proposer une approche sociologique très "durkheimienne".
La thèse de Norbert Trenkle est facile à résumer, je le fais ici mais j’invite à le lire entièrement et attentivement : l’adhésion à ce qu’on appelle l’islamisme est totalement moderne, elle ne repose sur aucune tradition ni préoccupation théologique. Ce qu’il appelle « religionisme » ;
contrairement à d’autres formes de religionisme, elle peut prétendre s’assimiler à un engagement de résistance à l’impérialisme « suprémaciste » incarné par les Etats-Unis. Cette caractéristique expliquant sa force d’attraction.
J’ajoute, bien que ceci ne soit pas inclus dans la thèse de Norbert Trenkle, que celle ci est parfaitement compatible avec celle soutenue ici, à savoir que le faux califat est un produit des Etats-Unis.
Norbert Trenkle souligne simplement la responsabilité a minima de l’occident dans cet état de fait :
"Ce qui aggrava encore les choses, c’est qu’en « Occident » également cette confrontation culturaliste fut reprise avec enthousiasme, (...) également, par simple besoin idéologique, après la fin de la guerre froide, d’affirmer sa propre identité collective à travers l’invention d’un nouvel ennemi mondial[4]. Ce n’est pas un hasard si la parution de l’écrit incendiaire paradigmatique de Samuel Huntington portant le titre programmatique du « Choc des civilisations » se situa dans les premières années qui suivirent l’effondrement dudit socialisme réel."
Voir en ligne : Pourquoi l’islamisme ne peut pas être expliqué par l’islam
Si nous allons au-delà de la thèse de Norbert Trenkle, qui ne souhaite peut être pas être associé à notre parti pris "conspi" (notamment ici, ici ou là), c’est seulement en affirmant que le programme de Samuel Huntington a été repris avec efficacité, de façon active et militante, par une fraction influente aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe.
[1] Y compris ce texte de Michel Terestchenko sur le journal du Mauss, qui passe tout près du problème et finalement le rate en écrivant « une idéologie religieuse meurtrière tout à la fois hyper moderne et archaïque »